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Bodéveno - Le projet divise

Bodéveno - Le projet divise

Bodéveno - Le projet divise

Un projet commercial à l'arret. Deux camps qui paraissent irréconciliables. Deux visions de la société et de l'urbanisme qui s'opposent. C'est peu dire que la future zone commerciale scinde Pluvigner semaine apès semaine !

C'est un peu le pot de fer contre le pot de terre qui se joue à Pluvigner ... D'un coté, Carl Saint-jalmes, chef d'entreprises et porteur du projet (voir son interview plus bas) et la majorité municipale, de l'autre l'association Paré et au milieu les Pluvignois, certains soutenant le projet, d'autres non, commerçants du bourg en tête ... " Globalement, les habitants sont contre", lance un patron de bar du centre-ville. "La ville est divisée en deux camps nous craignions que l'attractivité du centre baisse", continue-t-il, en voulant garder l'anonymat pour ne pas "se fâcher avec certains de ses clients" ...

Un projet mise en attente "Cela fait 15 ans que le projet est sur les rails", explique Bonaventure Meneux, directeur général des services de la ville. "L'idée est de créer une zone commerciale mieux dimensionnée que celle d'aujourd'hui, qui parfois déborde et provoque des problèmes de circulation", détaille-t-il.

Acheté en 2015 par Carl Saint-Jalmes (patron de l'actuel Super U), le terrain de la future (?) zone commerciale de Bodéveno fort de ses 20 hectares doit accueillir les déménagements du Super U (avec une galerie marchande), du Lidl et du Mr Bricolage, ainsi que l'arrivée de nouvelles enseignes dans le textile, un garage automobile, une parfumerie, un magasin de sport ou encore une brasserie. De quoi s'inquiéter franchement pour les commerces du bourg, un point que l'association Paré (Pluvigner Avenir Respect Equilibre) souligne fortement depuis 18 mois ...

"Nous avons déjà 45 commerçants à Pluvigner" confirme Sébastien Trouillard, président de Paré. "La galerie marchande va forcément nuire au centre-ville, d'autant que la majorité des commerçants sont contre ici mais beaucoup n'osent pas l'exprimer publiquement. La municipalité parle de développer la commune mais des classes ferment ici !".

Deux modèles de société opposés.

Au-delà de l'utilié ou non du projet, la création d'une zone  commerciale où l'on se rend en voiture (parking de 400 places) peut paraître en 2021, à l'heure où la société semble se diriger vers davantage de commerce de proximoité, loin du modèle du supermarché des années 70 ... "Tout le monde n'a pas les moyens d'aller se fournir chez les petits producteurs", balaye Sylvie Olivier, première adjointe à la mairie. "Il faut trouver un équilibre entre un supermarché et les commerces du centre bourg", continue-t-elle.

 Un argument là aussi contredit par Paré :  " C'est un modèle obsolète à une époque où beaucoup de grandes surfaces licencient", contre Sébastien trouillard. "Nous devons aller vers la fin de l'artificialisation des sols".

C'est en effet un autre sujet , celui de l'impact environnemental. Certes, la municipalité communique sur 2600 arbres et arbustes plantés dans la zone et vante un "projet hyper vertueux" en s'appuyant sur une étude réalisée par un cabinet d'étude, mais cela reste toujours difficile à entendre, pour les opposants ou non, quand une simple zone naturelle est ainsi transformée en zone commerciale. Le greenwashing semble ne pas passer. Une fois de plus, les deux camps semblent irréconciliables.

 2021 27 08 Paré

Un rond-point symbolique.

Les tribunaux vont donc trancher, avec en premier lieu le tribunal administratif de Nantes. Chacun semble sûr de sa force et de son bon droit. Un point cristallise les débats actuellement : Le rond-point à construire pour desservir la zone. "cadeau" de la mairie à Carl Saint-Jalmes pour l'association Paré, belle opération financière selon la mairie ...
"La commune va payer les 350 000 € de sa construction", situe Bonaventure Meneux. "De son côté, le gérant du Super U paiera sa taxe d'aménagement qui est de 500 000 €, ce qui nous fera une plus-value. Le site internet de Paré n'est que mensonges à ce sujet" explique le directeur des services de la ville.

 2021 27 08 Bodeveno Le projet Divise  

Ainsi, de récents articles de presse ont alimenté le débat et durci le vocabulaire de chacun. "Nimporte où ailleurs, quand il y a une zone privée commerciale, le propriétaire payerait le rond-point", déplore Jean-Michel Le Cam, élu de l'opposition. "C'est un arrangement direct entre la municipalité et monsieur Saint-Jalmes" ajoute-t'il, qui se dit aussi soutenu par EELV et l'UDB.

Inflexible, l'équipe municipale ne veut pas entendre parler d'alternative et semble ignorer l'escalade des tensions, quitte à se couper d'une partie de ses concitoyens, mais plaidant pour "l'intérêt commun avec la mise en place de projets d'importance, sur l'ancienne zone commerciale". Mais à quel prix ?

 


Article de la Gazette du Centre Morbihan


Super U : Le patron s'explique

Porteur du projet et chef d’entreprises, Carl Saint-Jalmes défend son projet, sans langue de bois.

Pourquoi votre projet de zone commerciale soulève-t-il tant de contestations ?
Il y a des gens qui sont pour et d’autres contre, c’est le principe de la démocratie. Il y a en revanche un tissu de mensonges racontés à ce sujet, notamment par l’association Paré. J’ai ainsi été traité de menteur et j’ai reçu des lettres de menaces !

 
Que répondez-vous aux accusations de collusions entre vous et la municipalité ?

C’est un projet qui va dans le sens de la commune et je suis allé le défendre jusqu’à Paris, il y a déjà un moment avec l’ancien maire monsieur Pillet. Ce n’est pas le projet de monsieur Saint-Jalmes qu’il défendait mais celui des pluvignois.

N’avez-vous jamais dialogué avec les opposants, de l’association Paré ou non ?
Il y a notamment eu une réunion publique à ce sujet. Sur les 600 personnes présentes, toutes n’étaient pas contre le projet. L’opposition n’a même pas écouté mes réponses. De plus, parmi les membres de cette association, il y a un élu de la République que j’ai personnellement rencontré dans mon bureau : Monsieur Le Cam. Je lui ai posé une question à ce sujet, il ne m’a jamais répondu. Le dialogue est impossible.

2021 27 08 Bodeveno Le patron explique 

Où en êtes-vous d’un point de vue judiciaire et au niveau de l’avancée des travaux ?
Actuellement, je n’ai aucun recours sur les permis de construire. Mon seul recours porte sur le permis d’aménager. L’affaire est aux mains du tribunal administratif de Nantes… depuis plus d’un an. L’association Paré n’a pas le droit de nous attaquer car elle a été créée trop tardivement. Du coup, elle s’est alliée à l’association Bretagne Vivante pour sa procédure. Rien ne m’empêche dès demain de commencer à construire des bâtiments mais en revanche, je ne suis pas autorisé à construire le parking, le rond-point et les espaces verts. C’est une situation ridicule !

 Vous devez bien comprendre la crainte des commerçants pluvignois face à une zone commerciale d’une telle ampleur…

Je n’ai jamais été opposé au commerce local et j’ai même fait partie de l’association des commerçants ! Je pense que cette zone est nécessaire et si elle ne se fait pas ici elle se fera ailleurs. Je possède un esprit d’entrepreneur que l’on m’a inculqué. C’est pour cela que je ne m’avouerais pas vaincu. Pour parler clairement, je ne laisserai pas tomber ce projet et j’ai confiance en la justice, s’il y a encore une justice en France !

Article de la Gazette du Centre Morbihan